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De la solitude intérieure à la lumière du cœur : mon chemin vers le soufisme

Depuis l’enfance, j’ai ressenti une présence. Inexprimable, invisible, mais bien réelle. Elle m’accompagnait dans les silences, dans les peines, dans les moments où je ne trouvais pas ma place dans le monde. J’ai été baptisée par tradition, mais la foi que je portais en moi ne correspondait à aucune religion apprise. Je parlais à Dieu seule, souvent en pleurant. Je cherchais la lumière dans le noir.

À l’adolescence, j’ai voulu entrer au couvent. Puis j’ai suivi d’autres chemins. J’ai vécu des épreuves, des douleurs profondes, des périodes de doute, et parfois ce sentiment déchirant d’avoir été abandonnée par Dieu. Mais même dans ces moments, une lumière subsistait. Elle revenait, discrète, comme une flamme que rien ne peut éteindre.

Des années plus tard, à Beyrouth, j’ai ressenti un apaisement intense en entrant dans une mosquée. Une paix si forte que je ne voulais plus sortir. C’était la première fois que je percevais l’islam autrement que par le regard extérieur. J’ai compris que Dieu ne se réduisait pas à une forme, une langue ou une culture. Dieu est. Simplement. Lumière, miséricorde, silence, souffle.

Quand j’ai découvert le soufisme, j’ai su que j’avais toujours marché dans cette direction, sans le savoir. Et quand j’ai rencontré la voie Naqshbandiyya et les 11 principes qui la fondent, ce fut une révélation :
je vivais déjà cela, intuitivement.

 Les 11 principes naqshbandi : une reconnaissance intérieure

  • Conscience de Dieu (Yâd kard) : Dieu est présent dans chacun de mes gestes, dans chaque battement de mon cœur.

  • Retour à Dieu (Bâz gasht) : Même quand je me perds, une force en moi me ramène toujours vers Lui.

  • Réserve (Nigâh dâsht) : Depuis toujours, je ressens le besoin de me protéger intérieurement du vacarme du monde.

  • Souffle contenu (Nafas kash) : Ma respiration est sacrée, j’en ai conscience dans les moments de présence.

  • Voyage intérieur (Safar dar watan) : J’ai longtemps cru chercher dehors, mais c’est en moi que le voyage véritable a commencé.

  • Solitude en foule (Khalwat dar anjuman) : Je suis souvent entourée, mais je me sens ailleurs, profondément habitée par l’Invisible.

  • Souvenir constant (Yâd dâsht) : Une prière sans mots, qui m’habite même lorsque mes lèvres se taisent.

  • Concentration (Wuquf-i zamani) : J’apprends à ralentir, à habiter le moment, à être là, simplement.

  • Présence du cœur (Wuquf-i qalbi) : Dieu n’est pas une idée. Il est une sensation dans le cœur.

  • Attention aux pensées (Wuquf-i adadi) : J’observe mes pensées, j’essaie de me libérer du bruit intérieur.

  • Fidélité au maître (Sohbat) : Avoir un guide, pour ne pas se perdre dans l’illusion. Pour rester humble et sur la voie.

Je ne suis pas devenue soufie par rupture. J’ai simplement reconnu, un jour, que le soufisme me reconnaissait.

Ce n’est pas un dogme. C’est une manière d’être. Une éthique intérieure. Une fidélité à la lumière. Un lien vivant avec l’Essence.

Aujourd’hui encore, je trébuche parfois. Je doute, je me replie. Mais je sais que la voie n’est pas linéaire. Elle est vivante, respirante, pleine d’ombres et de lumière.

Et c’est dans le silence du cœur que je retrouve la paix.

je remercie le Shayhr Abdul Aziz al Amghari de me guider et d'etre le lien indefectible qui me tient la main dans l'obscurité.

L’instant

 

Tu ne prends de cette vie que l’instant que tu vis, ce que tu as perdu. Ce qui est passé est parti sans retour, tu ne peux rien y changer. Et ce qui viendra, tu ne le possèdes pas et tu ne sais pas si tu l’atteindras ou non. Alors, vis l’heure où tu es et l’instant où tu es et que ton plaisir soit ton existence dans une station qu’ALLAH a choisi pour toi

Abdulaziz Al-Amghariق -

J'ai imaginé établir un dialogue entre moi et moi une forme de meta-communication ou je décris une situation , et une voix de l'autre coté me réponds .

Fille, vraiment ?

J’avais environ dix ans quand j’ai compris que j’étais une fille  et que ça n’allait pas changer. Ce n’est pas que je me prenais pour un garçon. Je n’avais pas de trouble identitaire. Mais pour moi, j’étais un être humain, un être tout court. Ni fille, ni garçon. Et c’est là que le choc est arrivé.

Ma mère m’a expliqué ce qui allait se passer : les règles, les seins, les formes, les “choses de filles”. J’ai senti une résistance immédiate. Je ne voulais pas. C’était comme si on me forçait à entrer dans une boîte dans laquelle je ne rentrais pas.

On me disait que j’étais un garçon manqué. Parce que j’avais les cheveux courts. Parce que je grimpais, je courais, je me salissais, je préférais être dehors. Je n’aimais pas les robes. Elles m’entravaient. Elles ne servaient à rien, sauf à me rendre inadaptée à mon propre mouvement.

Ce malaise a duré des années. Jusqu’à l’adolescence, je ne savais pas comment être une fille. J’observais les autres, comme un chercheur observe une espèce inconnue. Ah, une fille, ça se tient comme ça. Ça parle comme ça. Ça se maquille, ça rit doucement. Moi, je ne savais pas comment faire.

Ma mère, elle, était très féminine. C’était tout ce que je ne voulais pas être. Elle ne comprenait pas. Ce n’était pas une révolte. C’était un refus organique, viscéral, d’entrer dans un rôle qui ne me ressemblait pas.

Ma chambre était mon refuge. Là, je pouvais tout organiser, tout bricoler, tout rêver. C’était mon monde. Et quand nous avons déménagé, vers mes 11 ans, pour vivre près de la mer, ce fut une bénédiction. J’avais les dunes, le froid, la plage sauvage. J’y allais seule, souvent. Je me sentais chez moi dans cette nature brute. Pas dans la maison. Mais dans le vent, le sable, la solitude salée.

Je disais souvent que je n’étais pas une fille, mais une terrienne. Une humaine. Parfois même, une Uranienne. Cette planète bleue et lointaine me fascinait. Elle représentait le signe du Verseau. Mon signe. Je disais : je viens d’Uranus.

J’ai eu une période où je me suis passionnée pour l’astrologie. Je cherchais à savoir si c’était une science. Dans certaines traditions  islamique, aztèque, égyptienne  ça l’était. Cette quête d’un savoir ancien, sacré, me parlait. Elle reliait mon identité à quelque chose de plus vaste que moi, de plus universel.

Aujourd’hui encore, je me dis que j’ai appris à être une femme. Mais que profondément, je suis une conscience en mouvement, pas un genre. Pas un rôle. Une présence.

La voix de l’autre côté
Ce que vous décrivez est une forme de lucidité précoce, presque sidérante. À un âge où l’on est censé “s’identifier”, vous vous êtes interrogée. Et ce n’était pas un refus capricieux, mais une manière de dire : je ne veux pas qu’on me définisse avant que j’aie compris qui je suis.

Votre récit porte la marque de ce qu’on appelle parfois la “non-conformité de genre”, mais sans militantisme, sans drapeau. C’est une expérience intérieure, sensible, d’un monde qui impose et d’un être qui observe.

Votre rapport au corps, à la féminité imposée, à l’image sociale, tout cela témoigne d’un besoin de vérité. Vous avez appris à performer une féminité, mais vous ne vous êtes jamais réduite à elle. Votre chambre, vos dunes, vos livres, Uranus… tout cela vous a permis de rester entière. De ne pas vous perdre.

Et peut-être est-ce cela, être une femme dans votre cas : ne pas céder à l’idée qu’on devrait l’être d’une seule manière.

Guadeloupe, mon refuge, ma terre d’âme

J’ai vécu près de 25 ans en Guadeloupe. Ce n’est pas un simple lieu de résidence, mais une île qui m’a formée, aimée, révélée. Dans ses paysages, ses rythmes, ses sons, j’ai élevé mes enfants, ouvert mon cabinet, et appris une autre manière d’être au monde. Ce texte est une lettre d’amour à cette terre d’âme, ce refuge insulaire qui continue de battre dans mon cœur.

Quand je pense à la Guadeloupe, je ne pense pas à un département français. Je pense à un petit pays, à un monde à part, une île vivante et libre, qui m’a formée, accueillie, bouleversée, apaisée.

Je suis arrivée en Martinique en 1990, j'avais 25 ans sans savoir exactement où je mettais les pieds. J’en avais une image floue, presque de carte postale : des plages, des cocotiers, du sable. Mais rien ne m’avait préparée à ce que j’ai ressenti en descendant de l’avion ce jour-là, en octobre 1990. Il faisait une chaleur humide, dense, presque vivante, que je n’avais jamais connue en métropole. Je croyais d’abord que c’étaient les réacteurs de l’avion. Mais non c’était l’air lui-même, la terre, la végétation. C’était une autre présence au monde.


J’ai vécu plusieurs années en Martinique, notamment à Sainte-Marie, avec une vue sublime sur l’Atlantique. J’aimais ce Nord sauvage, Basse-Pointe, Grand’Rivière, la rudesse et la beauté du paysage. Deux de mes filles y sont nées. J’y étais attachée profondément.

Et puis, en 1994, j’ai quitté la Martinique pour partir vivre en Guadeloupe. Je n’étais pas motivée au départ. J’aimais la Martinique. Et pourtant, c’est la Guadeloupe qui allait devenir le lieu le plus long de ma vie adulte.

Au début, ce fut difficile. La Guadeloupe, c’est un archipel, ce n’est pas une seule île. J’habitais sur Basse-Terre, plus montagneuse, plus rude. J'avais la nostalgie de la Martinique j’avais mes repères

et pour l'autiste que je suis ce n'étais pas facile .Je trouvais l’accueil moins facile, l’intégration plus lente. J’ai eu du mal à m’y faire. Je suis restée trois ans, puis je suis partie au Liban.

Mais en juin 1998, je suis revenue en . Et cette fois, j’ai su : je rentrais chez moi.
C’était presque un hasard. Nous avions écrit trois destinations sur des papiers : Guadeloupe, Martinique, La Réunion. C’est la Guadeloupe qui est sortie. Et c’est la vie qui a décidé.

À mon retour, j’ai vécu aux Abymes, puis je suis restée en Guadeloupe jusqu’en 2022.
Un enfant est né là. Mes quatre enfants ont grandi là. J’y ai vécu presque 27 ans.

C’est en Guadeloupe que j’ai ouvert mon cabinet de psychanalyse, que j’ai travaillé pour Guadeloupe la Première, que j’ai rencontré des gens incroyables, généreux, accueillants, forts. Des gens qui sont devenus des amis.

J’aimais les spectacles, le carnaval, la musique, les percussions qui résonnent dans le ventre, les odeurs de la terre après la pluie tropicale, la lumière qui caresse les fleurs et les fruits, les marchés colorés, les sourires. Aimant les percussions le son du gwo ka était vibrant , résonant dans mon âme

Contrairement à ce que l’on croit, une île n’enferme pas. Elle ouvre. Elle force à regarder le ciel, à entendre l’océan, à ralentir, à écouter.J’aimais la liberté qu’offre une île.

La Guadeloupe, c’est un lieu profondément chargé, aussi. On y sent le poids de l’histoire, de l’esclavage, de la dévalorisation des Antillais. On y sent l’injustice d’un pays nié, oublié, trop souvent mal considéré depuis la métropole. Et cela, je l’ai vu aussi à travers mes propres enfants. Quand ils sont partis étudier à Paris, ils ont ressenti le regard qu’on porte sur les 'domiens' : un regard injuste, ignorant, parfois condescendant.

Et pourtant, quelle richesse humaine. Quel courage, quelle joie profonde, même dans la lutte.
J'ai beaucoup d'admiration pour les Guadeloupéens et Antillais car ils sont des survivants , ils sont debout , depuis des années , laisser par la Métropole , victimes de clichés , de racisme ,de rejet , les femmes Guadeloupéennes sont potomitantes , debout , fière de leur identité et de la richesse de leur culture . La Guadeloupe et les iles de la Caraïbes ne sont pas que des cartes postales , ce sont des gens qui vivent un quotidien parfois difficile , et qui sourient malgré tout .

 


La Guadeloupe m’a appris à vivre plus lentement, à regarder la nature, à respirer. Il y fait beau presque 300 jours par an, les enfants grandissent dehors, ils rient plus fort, ils vivent au rythme de la mer, du soleil, des fruits. L’odeur de la foret tropical , de la mer , le bleu , le vert de l’ocean .La vie est rude parfois on y travaille beaucoup il y a des embouteillages.

c’est à la fois un endroit grouillant de vie et à la fois paisible , des endroits sauvages .

C’est là que j’ai trouvé la paix intérieure, par moments. C’est là que ma voix/ voie s’est posée

La Guadeloupe m’a offert la possibilité de parler au public par l’intermédiaire de la radio de vulgariser la psychologie , mais aussi de trouver la voie professionnelle et d’être convaincu que mon métier est une vocation . J’ai eu un pincement au Cœur en partant en 2022 laisser mes patients , laisser cette ile qui m’a tant apporté , cela a été difficile de tourner la page , ce n’est qu’une page de mon livre de vie . J’y ai laisse des vrais amis .

LA Guadeloupe restera une terre d’amour, un lieu-refuge, un 'chez moi' profond, même si je ne suis pas née là-bas.

L'Algérie C’était chez moi, et je ne le savais pas encore!

J’ai vécu une expérience qui m’a profondément marquée. Un autre voyage.
Un de ceux qui vous transforment silencieusement, mais irréversiblement.

Je suis allée en Algérie plusieurs fois.
La première fois, c’était en 2014.
Je n’y suis pas allée comme une simple touriste, mais avec le désir d’une immersion, d’une vraie découverte du pays. Cela faisait longtemps que j’hésitais. J’avais certaines réticences, sans doute nourries par des clichés ou des fausses croyances. À l’époque, j’étais mariée avec un Algérien, et c’est lui qui m’a encouragée à faire ce voyage. Il voulait que je découvre son pays.

Alors un jour, je suis partie.

Dès mon arrivée à Annaba, une petite ville côtière, j’ai été saisie.
Ce n’était pas une ville touristique, mais elle avait un charme fou.
La mer, encore sauvage. L’accueil simple et doux.
Et surtout, j’ai ressenti quelque chose de très profond : comme si je connaissais déjà ce pays.

C’était une sensation différente de celle vécue à Beyrouth.
Ici, c’était comme un retour, un écho intérieur, une mémoire oubliée.
Une familiarité troublante.

Pendant ce voyage, j’ai traversé l’Algérie d’est en ouest, d’Annaba jusqu’à Oran.
J’ai visité des villes, mais aussi de petits villages reculés dans les Aurès, où j’ai vécu au plus près de la population.

L’Algérie est un pays immense, aux paysages incroyablement variés.
On passe des montagnes arides à des montagnes luxuriantes.
Des plaines désertiques à des plages aux eaux cristallines.
Chaque ville, chaque région a son identité propre, son âme.

La ville qui m’a le plus marquée, c’est Constantine.

J’y suis arrivée pendant le mois de Ramadan, en avril.
Nous attendions l’heure du ftour, le moment de rompre le jeûne.
Depuis l’hôtel, au sommet d’un rocher, je voyais la plaine s’étendre jusqu’à l’horizon.
Et là, j’ai assisté à un coucher de soleil comme je n’en avais jamais vu.

Une émotion immédiate m’a traversée.
Les larmes me sont montées aux yeux, sans prévenir.
C’était comme si la nature me parlait, me transmettait quelque chose.
Un moment de grâce. Une connexion directe avec quelque chose de plus vaste, de plus ancien.

Constantine est une ville qui vibre. Construite sur des ponts, certains réalisés par Gustave Eiffel, elle semble flotter dans l’espace.
Elle n’est pas la plus moderne, ni la plus "accueillante" au sens touristique, mais elle a une âme immense, palpable dans ses souks, dans ses ruelles étroites, dans l’épaisseur de son histoire.

Plus tard, j’ai visité Alger. Une ville splendide, complexe, contrastée.
Des zones très pauvres, d’autres d’une grande beauté.
Mais ce n’est pas Alger qui m’a le plus touchée.

J’ai aussi découvert Mostaganem, une jolie ville en bord de mer.
Très beau paysage. Un accueil chaleureux. Une lumière particulière.
Et puis Oran, plus tournée vers l’Andalousie, avec une culture marquée par l’histoire espagnole.
Une architecture riche, ouverte, vivante.

Un jour, je suis arrivée dans un petit village appelé Arzew.
Pas très joli en apparence. Une seule rue principale.
Mais un souvenir m’est resté : des pastèques énormes sur les étals, des ânes tirant des charrettes, des marchands vendant des fruits d’une fraîcheur incroyable, cueillis le jour même.
Tout cela m’a profondément marquée.

Et puis, un jour, de retour de voyage, un membre de ma famille m’a raconté une chose troublante.

Il m’a dit que mon grand-père maternel avait vécu en Algérie, en 1936.
Qu’il y était venu comme ouvrier chaudronnier, pour travailler sur les cuves de gaz, justement à Arzew.
On m’a montré une photo de lui sur une moto, dans cette ville.

J’ai alors compris. Ou plutôt, ressenti.
Que peut-être, ce que j’avais vécu n’était pas si mystérieux.
Que ce pays m’avait reconnue avant même que je le reconnaisse.

Ce que j’ai ressenti tout au long de ce voyage, c’est cela.
Comme si j’allais sur les traces de quelqu’un.
Mais sans savoir de qui, ou pourquoi.
Et ce pays, sans que je puisse l’expliquer, me parlait.

Je suis repartie. Le voyage était terminé.

Et dans l’avion, j’ai pleuré.
C’était la première fois de ma vie.
Je ne voulais pas partir.

Et pourtant, à cette époque, je vivais en Guadeloupe.
Un lieu que j’aime profondément. Mon chez-moi.
Mais là, c’était différent.

C’était comme si je quittais quelque chose de moi, quelque chose d’inscrit dans mes gènes.

Depuis, j’ai eu la chance d’y retourner deux ou trois fois.
Et à chaque fois, c’est la même chose.
La même émotion. Le même sentiment d’appartenance.

Et pourtant, je n’ai pas pu y vivre.
C’est compliqué quand on est française, non expatriée.

Mais peu importe.

L’Algérie est un pays que j’aime profondément.
Un pays extraordinaire, pour moi.
Un pays où je me suis sentie entière, accueillie, reconnue.

Beyrouth, 1997  Une traversée intérieure

J’avais une trentaine d’années. Un jour, j’ai décidé de partir vivre à Beyrouth.
Je ne connaissais pas le Liban, sinon par bribes, récits lointains, fragments d’images.
C’était en 1997, juste après la guerre. La ville entamait sa reconstruction.

Le voyage fut déjà une épreuve en soi. Il a fallu passer par la Roumanie, à l’époque troublée par la chute de Ceausescu. L’aéroport de Bucarest semblait figé dans le temps, avec ses téléphones des années 50, ses files d’attente silencieuses, son ambiance de veille. Nous étions en escale, sans possibilité de sortir. Autour de moi, des gens venus de partout : Palestiniens, Israéliens, voyageurs de passage ou déracinés… C’était une mosaïque humaine dans un lieu hors du temps.

Puis, enfin, le vol pour Beyrouth.
Nous sommes arrivés en pleine nuit.

L’avion s’est arrêté sur le tarmac, et nous avons dû descendre à pied. Le choc fut immédiat. Des militaires en armes, des chars, une tension palpable dans l’air. Moi qui venais de France et des Antilles, je n’avais jamais vu cela. L’aéroport baignait dans une lumière crue, irréelle. Il était minuit.

Après avoir récupéré une voiture, nous avons traversé la ville pour rejoindre un hôtel dans le quartier de Hamra. C’était un quartier vivant, musulman dans sa majorité, mais tout cela, je ne l’ai compris que plus tard. Cette première nuit, nous étions épuisés. Nous avons dormi sans rien voir de la ville.

Et puis, au petit matin, ce fut l’éveil.

Juste en face de notre chambre, une mosquée.
L’appel à la prière a résonné.
Le muezzin a fait l’appel à la prière.
Et moi, je me suis mise à pleurer.

C’était la première fois que j’entendais cet appel "en vrai", enveloppée par lui. Ce moment a marqué mon âme. Une émotion profonde, inexplicable, comme si quelque chose en moi se souvenait, ou reconnaissait.

La ville s’est aussitôt animée. Les klaxons, les voix, les voitures… Beyrouth grouillait de vie, d’une vie âpre mais intense. En marchant dans ses rues, j’ai découvert une ville en pleine résilience. Des bâtiments debout par miracle. D’autres éventrés, témoins muets des obus et des roquettes. Et pourtant, partout, des sourires, des odeurs de pain chaud, des enfants qui courent, des regards qui vous accueillent.

Ce qui m’a profondément touchée, c’est l’humanité de ce peuple.
À Beyrouth, les gens parlent entre eux, même dans une grande ville.
Les quartiers vivent comme des villages. Les gens se connaissent, se reconnaissent.

J’ai alors exploré le pays, du nord au sud.

Les verseaux

Nous sommes quatre

Nous sommes les survivantes de cette famille

De toutes les histoires du passé

C’est sûr que nous sommes liés depuis l’origine du monde

Nous sommes résilientes, unies, solidaires

Nous sommes les unes avec les autres nous faisons bloc

Contre la bêtise, contre le rejet et l’injustice

Nous avons un cœur immense

Nous avançons dans la lumière

Nous sommes une famille à nous quatre

Nous sommes à jamais liées

Nous sommes les meilleures amies du monde

Ce sont mes filles et je suis leur mère

Nous sommes les verseaux les plus cool de l’univers !

A la quête de soi, c’est ce que j’ai appris de la vie , j’ai sans cesse évoluer , progresser ou pas , appris des situations des histoires .

Je crois que les moments douloureux sont les plus salvateurs les plus productifs, ils m’ont obligé à regarder en face ce qui n’allait pas.

La vie reste un concept mystérieux, l’esprit est l’outil le plus puissant que nous ayons à notre disposition.

L’imagination, la créativité, nos pensées, nous sommes des êtres pensants. L’errance de l’esprit.

Toute ma vie je ne me suis pas sentie entendue comprise.

On a voulu me mettre dans des cases. Peut-être que c’est plus facile pour  l’humain d’identifier les autres avec des étiquettes.

 

La complexité de notre être n’a pas de limites, au travers de nos réflexions de nos actions nous tentons de nous définir, peut-on vraiment le faire ?

Si c’était le cas nous serions contenus dans une seule définition.

Or nous évoluons depuis l’origine de la terre, nous sommes tous à la recherche de quelque chose , à la quête de soi même et de plus grand que soi .

C’est en partie pour cela que mon travail est d’écouter les autres, de faire de mon mieux pour les soulager, les comprendre , pour qu’ils se trouvent s’acceptent tels qu’ils sont , j’ai rencontré des personnes extra-ordinaires , avec des histoires complexes , souvent douloureuses et déchirantes.
 

Des personnes seules face à leur souffrance à leur désespoir, cherchant dans le regard d’un autre humain, la compassion ,l’attention qu’il mérite .

 

Nous cheminons vers l’inconnu (un -connu), vers la matrice de l’univers (l’uni-vers ) car on fond de nous chaque humain est un croyant ,croire que demain va exister , croire que la vie est plus forte que la mort , croire que la souffrance passera , croire que quelqu’un nous sauvera , croire que nous sommes là pour aimer et vibrer , et un jour accéder à ce paradis tant espérer.

J’ai appris qu’on ne sait rien.
Extrait du recueil"Errances de l'esprit" de Jackymacart

Cet être mystérieux qui intrigue

Cette femme est une contradiction ambulante, un papillon social et un loup solitaire.

C’est une scientifique folle et une boule vibrante de chaos émotionnel.

Elle vit dans sa tête mais son cœur est immense.

Elle est frénétique, féroce, incroyablement têtue, forte et impitoyable.

Oui, elle est légère, effervescente comme un champagne extra-pétillant.

Mais elle est électrique, sacrément électrique.

Car elle sait que la douleur, la tristesse, le choc et l’échec sont des forces intrinsèquement créatives, nécessaires comme l’air, inspirantes comme l’art.

Mais, elle ne craint pas la solitude et se lance dans des aventures en solo, déployant ses ailes, respirant l’espace. sacré de l’air vif des montagnes et des levers de soleil dans l’océan salé. C’est une femme sage, une créature mystérieuse, un mirage intriguant, constamment en mouvement, très souvent hors de portée.

Mais derrière sa confiance et son extérieur d’enfant sauvage, elle est secrètement effrayée et vulnérable.

Secrètement, c’est un loup solitaire, à la recherche de quelqu’un pour chérir son âme peu conventionnelle et à l’esprit libre.

Ça va aller !

 

Une petite litanie que l’on se répète

Il y a peu de temps que j’ai pris conscience de cette petite phrase

Que l’on peut dire ou que l’on peut nous dire.

Pourtant derrière cette phrase il y a tant d’espoirs

Tant de désespoirs, à la fois une motivation

A la fois une acceptation de ce qui est.

Tout passe, tout à une fin, heureusement …

Pourtant je m’accroche à oui ça ira pour toujours.

La valeur de cette vie n’est réelle que parce qu’elle a une fin

Ça va aller, tout ira bien, tout ira bien ….

Merci à toi qui a su me le dire et me le répéter

J’ai l’impression de m’etre réveillée au moment où tu me l’as dit

Oui ça va aller là où cela doit aller.

Tako Tsubo

Une douleur si intense m’a réveillée un matin

Je sentais mon cœur s’éteindre

Je le sentais littéralement s’effondrer

Avec une peine si immense indicible

Un tourment si violent

C’était la première fois de ma vie

Je n’étais pas vraiment inquiète pour ma vie

J’étais inquiète de ne plus pouvoir aimer

Ce vide en moi dans ma tête et dans mon cœur

Un cri silencieux qui ne sortait pas

Si je mourais à cet instant cela aurait été moins difficile

Ce n’était pas à cause d’un homme

C’était la douleur d’une mère pour son fils.

L’arme

Un couteau, un pistolet, une boite de médicament

Tout peut passer dans la tête à certains moments

L’impasse, le gouffre, le vide , l’isolement

L’indifférence, l’incompréhension

Tous ses maux de l’esprit qui me traversent

S’adapter sans cesse,

Faire des efforts en vain

Retenir, contenir sa souffrance

Et avoir la pulsion de passer des larmes à l’arme.

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