top of page
Rechercher

Ce que je porte ne regarde que moi » : Réflexions sur l’inconfort vestimentaire imposé aux femmes.

  • catherinemaquere
  • il y a 4 jours
  • 2 min de lecture

Dans une société qui prétend valoriser la liberté, les femmes vivent encore enfermées dans des injonctions silencieuses, mais omniprésentes. Le vêtement, simple enveloppe pour certain·es, devient pour beaucoup de femmes un territoire normatif, une zone de contrôle social, une frontière symbolique entre ce que l’on attend d’elles… et ce qu’elles sont vraiment.


Dès l’enfance, on nous apprend à être jolies, pas à être à l’aise.

Des chaussures qui blessent, des jupes qui remontent, des soutiens-gorge inconfortables, des pantalons trop moulants… Être « bien habillée » est trop souvent synonyme d’être entravée. Ce qui compte, ce n’est pas le confort, c’est l’esthétique. Ou plutôt : une certaine esthétique, hétéronormée, sexualisée, codifiée. Le talon aiguise la silhouette, mais tord la colonne. La robe dévoile juste ce qu’il faut, mais interdit certains mouvements. Les matières sont fines, mais peu protectrices. On exige que la femme soit visible mais dans une visibilité convenue.


La mode dite « féminine » n’est pas neutre.

Elle est genrée, orientée, calibrée. On le voit jusque dans les rayons des magasins : à coupe égale, un t-shirt « femme » sera plus ajusté, plus court, souvent dans des couleurs dites douces ou féminines. Là où l’homme peut porter du bleu foncé, du vert, du gris, la femme se voit proposer du rose pastel ou du lilas. Même les baskets sont relookées pour entrer dans cette logique du « féminin acceptable ». Un confort maquillé.


Mais que signifie « être féminine », sinon répondre à une norme imposée ?

Cette féminité attendue s’incarne dans la coupe d’un vêtement, dans la longueur des cheveux, dans la présence ou l’absence de maquillage. Une Miss France aux cheveux courts ? Et déjà, on débat de sa féminité. Une femme sans maquillage au travail ? On la trouve « fatiguée », négligée. Mais un homme cerné ou décoiffé n’est que naturel. Deux poids, deux mesures. Deux réalités.


Le vêtement devient une frontière sociale.

Des patientes me confient qu’elles ne peuvent s’habiller « comme elles veulent » au travail. Dans certains secteurs la vente, la représentation , la tenue attendue est plus qu’un uniforme : c’est un déguisement social. Il faut plaire, séduire, représenter. Mais représenter quoi ? Une version idéalisée du féminin, policée, contrôlée.


Et si l’on inversait la logique ?

Et si la liberté consistait à choisir une chemise large du rayon homme, des chaussures plates, un jean confortable ? Et si la féminité n’était pas une apparence à cocher, mais une manière d’être, fluide, personnelle, inclassable ?


Parce qu’en réalité, ce n’est pas la liberté des femmes qui dérange, mais leur indépendance à sortir des cases. Refuser de se maquiller, porter des cheveux courts, s’habiller autrement… c’est parfois vu comme un affront. Mais c’est avant tout un acte de réappropriation.


Car oui, il reste encore du chemin pour que les femmes puissent être libres.

Libres dans leur corps, dans leur apparence, dans leurs choix. Libres de se sentir belles sans être jugées. Ou libres de ne pas vouloir « être belles » au sens que la société impose.


Et si l’on cessait, enfin, de croire que le corps des femmes doit être en permanence modifié, amélioré, corrigé ?

Le plus beau vêtement qu’une femme puisse porter, c’est celui qu’elle choisit sans contrainte.

Catherine Maquére 


 
 
 

Comments


bottom of page